A la recherche de résonnances plastiques suscitées par les textes de Jorge 
            Semprun: une image pour le colloque
  
 
            Mouvante, évanescente, presque immatérielle, scandée seulement par de légères ondulations, une vaste étendue semble se dissoudre dans un horizon imprécis.
La couleur : un rouge apaisé qui d’abord s’impose puis se mue insensiblement en des tons plus clairs, roses, mauves et blancs crayeux.
Voguant sur cet espace indéfini et intemporel, se dressent et s’emboîtent, tels des portiques, quelques rectangles aux teintes affirmées, rouge franc et bleu céleste. La mise en abîme de ces figures s’accomplit en une trouée d’une clarté laiteuse qui semble réunir l’espace et le temps.
         Cette image tend à répondre aux sollicitations de l’auteur qui, si souvent, nous invite à passer d’un territoire à un autre, d’une période à une autre. De tels allers et retours, de tels télescopages entre les lieux et les temps de la vie nous emportent dans un singulier et passionnant voyage. Et le rêve qui nourrit et transcende la mémoire, infléchit le regard de l’auteur.
 
« Il m’arrive de ne pas identifier ces images. Je reste alors au seuil de leur lisibilité, remué par une émotion indéfinissable : quelque chose de fort et de vrai demeure caché, m’échappe et se dérobe. Quelque chose se défait, sitôt surgi, comme un désir inassouvi. Mais il arrive aussi qu’elles se précisent, qu’elle cessent d’être floues, de me flouer. » (Citation extraite de Jorge Semprun, L’écriture ou la vie, 1994) 
 
 
Texte de Pierre Gauthier-Dubédat
Auteur de l'affiche et président de séance du Colloque International portant sur l'oeuvre de Jorge Semprun
Université de Rennes, novembre-décembre 2007